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A la gare de mon nouveau départ, j'ai traversé le flot de voyageurs.
Voiture 7 place E comme Eden, je n'étais pas si loin de la fenêtre.
Alors, j'ai observé le paysage et j'ai laissé mon imagination vagabonder vers
la campagne, ses tons dorés, presque nacrés et vert tendre qui remplaçaient peu à peu
le rose brique de la ville dont je m'éloignais. Avec la vitesse, la fenêtre me faisait un drapeau italien,
les fils électriques s'effaçaient, hésitants et le paysage cherchait à me dépasser dans
cette course folle vers l'aventure.
J'avais un magazine, c'était un fouillis à l'image du tourbillon du décor, qui faisait se côtoyer les questions
géopolitiques et les tests psychologiques. Et je me le suis approprié, comme si c'était le mien.
Cachés au milieu des pages, il y avait ces mots : Alerte. Scoop. Complot. Maillots de l'été. Alors
tout a fusionné dans ma tête, et j'ai émis l'hypthèse que les bikinis allaient commettre un attentat
à la pudeur en juillet. Ces mots ont résonné si fort, j'avais peur qu'on les entende.
Suis-je seule à les avoir trouvés ?
Je n'ai pas pu m'empécher de passer au wagon-bar pour voir ce qu'il se passait dans la tête
d'un sachet de réglisses.
On a discuté un peu, elles pensaient
que si l'une d'elles avaient mal au cur elles finiraient toutes
en champs de tournesols. Le dedans au dehors, le dehors au dedans.
J'ai cru que ce serait un voyage simple, sans retour, comme l'aller que j'avais programmé, direct, sans détours,
mais au bout du compte, j'étais encore plus perdue à l'arrivée.
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